Les visages du MRM – Tom Durcan

Rencontrez les esprits derrière la science – Des membres du MRM partagent leur parcours, leur passion et leur vision pour l’avenir de la médecine régénérative.
Cette série d’entrevues vous est présentée par le Comité étudiant du MRM.

Nom : Thomas Durcan
Département : Neurologie et neurochirurgie
Ville d’origine : Dublin, Irlande
LinkedIn: Thomas Durcan, The Neuro’s EDDU

Entrevue animée par Diego Loggia.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours et de votre rôle actuel à McGill ?
Je suis biologiste cellulaire de formation et j’ai commencé ma carrière en étudiant le centrosome et la division cellulaire. À l’Université McGill, je suis professeur agrégé et directeur de la Plateforme de découverte de médicaments en phase précoce (PDMPP) du Neuro. Nous collaborons avec des universitaires et des entreprises pour appliquer les cellules souches à des projets de découverte et de recherche translationnelle.

Qu’est-ce qui vous a motivé à faire carrière en médecine régénérative ou dans la recherche sur les cellules souches ?
Deux choses. D’abord, la possibilité de travailler avec une cellule aux capacités quasi infinies. Pour moi, les cellules souches, en particulier les cellules souches pluripotentes induites (ou iPSC), représentaient cela. On peut les dériver à partir de n’importe quel individu, et sous les bonnes conditions, les transformer en pratiquement n’importe quel type cellulaire humain – ce qui ouvre des perspectives incroyables. Ensuite, cette technologie nous a permis d’étudier les cellules cérébrales humaines en culture, de comprendre le développement du cerveau et ce qui déraille lorsque ces cellules dysfonctionnent ou meurent. Pourquoi cela se produit-il, et peut-on l’empêcher ?

Y a-t-il eu des moments clés ou des mentors marquants dans votre parcours ?
Oui, le Dr Edward Fon a été un mentor essentiel pour moi. Il m’a donné ma chance et m’a permis de développer une plateforme de cellules souches qui, dix ans plus tard, est devenue la PDMPP du Neuro. Grâce au soutien de la fondation Van Berkom et de Brain Canada, nous avons pu démarrer ce projet. Aujourd’hui, nous avons un catalogue de plus de 200 lignées d’iPSC, plus de 15 types ou modèles cellulaires différents, et je travaille chaque jour avec une équipe exceptionnelle.

Quels sont les principaux axes de recherche que vous explorez actuellement ?
Je suis fasciné par les cellules immunitaires du cerveau. Récemment, nous avons publié un court article sur le profil unicellulaire des oligodendrocytes que nous générons en culture. En combinant cela avec les avancées sur les microglies et l’imagerie 3D des organoïdes cérébraux, notre objectif est d’utiliser ces modèles pour comprendre l’origine des maladies et tester des pistes thérapeutiques. Nous voyons un immense potentiel, notamment dans le domaine des maladies rares, dont plus de 50 % affectent le cerveau. En développant nos plateformes et nos modèles, nous espérons accélérer la compréhension de maladies encore largement méconnues.

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans l’enseignement et le mentorat des étudiants ?
Depuis nos débuts, nous avons supervisé plus de 10 étudiants aux cycles supérieurs et plus de 40 stagiaires de premier cycle, provenant de McGill et d’ailleurs. J’adore l’énergie et les idées nouvelles qu’ils apportent. Ils me rappellent chaque jour pourquoi je fais ce métier. Pour que notre domaine continue de progresser, nous devons entretenir cette relève, car ce sont eux qui feront les découvertes de demain et développeront les traitements futurs.

Comment la recherche sur les cellules souches a-t-elle évolué à McGill au fil des ans ?
Elle est passée d’un domaine marginal à un domaine central. De plus en plus de chercheurs intègrent les cellules souches à leurs projets. Ce qui me frappe, c’est la diversité des initiatives où elles jouent un rôle central : biomatériaux, mégadonnées, développement et test de nouvelles thérapies. Grâce à la science ouverte, ce domaine n’est plus réservé à quelques privilégiés. Il est désormais accessible à tous.

Comment envisagez-vous l’avenir de la recherche sur les cellules souches, et quel rôle McGill peut-elle y jouer ?
Je pense que les cellules souches seront au cœur de nombreuses découvertes et traitements à venir, qu’il s’agisse de maladies cérébrales, cardiaques ou rares. McGill dispose de tous les atouts pour jouer un rôle de premier plan, et je suis enthousiaste à l’idée de voir cette dynamique se poursuivre. Nous traversons une période difficile — avec les enjeux de financement et autres défis bien connus — mais ce sont souvent dans ces contextes que naissent les plus grandes innovations. Il faut savoir faire plus avec moins, être agiles, et semer aujourd’hui les graines des découvertes de demain, celles qui mettront McGill à l’avant-plan.

Quels sont les grands défis actuels de la recherche sur les cellules souches ? Comment votre équipe y fait-elle face ?
Le financement et la reconnaissance des plateformes de recherche sont des défis majeurs. Trop souvent, on pense que la recherche se fait en vase clos, ce qui est faux. Le financement est de plus en plus restreint, et il faut apprendre à être ingénieux, à collaborer, à optimiser chaque ressource. Trop longtemps, les plateformes ont été négligées ou sous-évaluées par les bailleurs de fonds et les institutions. Cela commence à changer : on réalise désormais à quel point elles sont essentielles à la mission de recherche et à l’innovation translationnelle, mais le changement est trop lent. C’est pourquoi, à la PDMPP, nous faisons quotidiennement la promotion de notre mission et de la valeur des cellules souches dans la recherche et l’innovation. Et ça fonctionne. Nous attirons des utilisateurs de tout McGill et du Canada, ainsi que des entreprises souhaitant collaborer avec nous. C’est important de partager notre histoire, d’expliquer pourquoi notre travail compte, et de le répéter sans relâche. Il faut se faire entendre au milieu du bruit ambiant et rappeler que les cellules souches sont un outil crucial, et qu’en les combinant à d’autres technologies, on peut accomplir énormément pour comprendre et traiter les maladies.

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