MRM Insights : Nouvelles du front – opportunités et défis pour le MRM

Terry Hébert

Chaque mois, dans les MRM Insights, un membre du Réseau MRM écrit sur les cellules souches et la médecine régénérative d’un point de vue différent. Ce mois-ci, Terry Hébert, Professeur et Directeur du programme d’études supérieures au Département de pharmacologie et de thérapeutique, Doyen adjoint de l’enseignement des sciences biomédicales et Directeur du Réseau MRM, fait une mise à jour sur les opportunités et les défis actuels pour le MRM.

Nouvelles du front – opportunités et défis pour le MRM

La mission du Réseau de médecine régénératrice de McGill (MRM) est de favoriser les programmes de médecine régénérative fondamentale et clinique ici à McGill et de renforcer ces efforts au-delà de la communauté mcgilloise en général. Le réseau compte maintenant plus de 130 chercheurs principaux et près de 400 membres actifs, avec une vaste expertise allant des cellules souches embryonnaires, adultes, iPSC aux organoïdes, la biologie du développement, les modèles de maladies, les thérapies cellulaires, les petites molécules et biologiques à la bioingénierie tissulaire, tout en tenant compte en profondeur des implications éthiques liées à la médecine régénérative. Je sais que vous le savez, mais parfois j’aime réfléchir à l’ampleur de nos activités !

Promouvoir la recherche

Le MRM s’engage à promouvoir l’impact de son réseau clinique et de recherche. Nous fournissons un financement de démarrage pour des projets de recherche utilisant les plateformes technologiques de l’Université McGill pour nos chercheurs et pour des collaborations au sein de l’université et et à l’extérieur. Depuis novembre 2015, le Comité de programmation scientifique favorise l’échange de connaissances dans la communauté mcgilloise par l’entremise de plusieurs tribunes scientifiques.

L’un de nos principaux objectifs est de mettre en synergie la recherche fondamentale et son application en nouvelles technologies et en médecine régénérative. À cette fin, nous croyons qu’il est crucial que le MRM soutienne les découvertes de nos chercheurs en facilitant l’utilisation des nombreuses plateformes d’excellence aménagées à l’échelle du réseau mcgillois. Pour ce faire, le Réseau MRM a constitué un fonds destiné à soutenir les projets de recherche pilotes menés dans des plateformes technologiques affiliées au Réseau.

Avec les financements internes du MRM, le réseau MRM parraine deux concours de financement chaque année pour subventionner trois à cinq projets de recherches spéciaux qui impliquent l’utilisation de l’une des plateformes technologiques à McGill. Cette année, le MRM a également décidé d’encourager la collaboration entre ses membres, et nous avons ajouté un financement supplémentaire pour les candidatures collaboratives où deux chercheurs principaux du MRM peuvent présenter une demande de financement ensemble. Ces projets seront financés à hauteur de 10 000 $. Nous continuons également de financer les candidatures individelles, ainsi que les candidatures soumises par des chercheurs postdoctoraux. Nous estimons que cela sert deux objectifs importants : aider les membres du MRM en fournissant un financement de démarrage pour des projets essentiels et fournir une source de revenus et de soutien pour les plateformes technologiques, dont beaucoup éprouvent des difficultés lorsque les fonds de la FCI se terminent sans programme de soutien supplémentaire facilement disponibles pour maintenir des ressources aussi essentielles ici à McGill. Nous encourageons activement d’autres centres et unités de McGill à adopter des programmes similaires. Nous devons nous aider les uns les autres à prospérer en cette ère de réduction du financement gouvernemental de la recherche.

Nous avons renforcé les liens avec le Réseau ThéCell, le réseau thématique du FRQS pour la recherche en thérapie cellulaire, tissulaire et génique, en accueillant son nouveau directeur, le Dr Jean-Sébastien Delisle, dans son nouveau rôle et en discutant de la façon dont nous pouvons interagir ensemble de manière plus significative pour façonner les agendas locaux, provinciaux et nationaux de la médecine régénérative. Nous aidons ThéCell à renouveler son statut de réseau de recherche financé par le FRQS et nous avons uni nos forces pour créer un pôle de médecine régénérative au Québec, sous l’égide du programme « Décollage » du Réseau de cellules souches, sollicitant l’appui du Fonds stratégique des sciences.

Rayonnement

Chaque année, nous organisons le symposium annuel du MRM, des invitations à des conférenciers locaux, nationaux et internationaux à notre série de séminaires « MRM Talks » et le développement de plusieurs ateliers de formation en collaboration avec les plateformes technologiques affiliées, des partenaires de l’industrie, le comité d’éducation MRM localement, avec ThéCell à l’échelle provinciale et le Réseau de cellules souches à l’échelle nationale. Au cours de la prochaine année, nous espérons inclure les voix des patients dans ces événements afin de relier notre travail aux personnes qui en bénéficieront un jour.

Donner de la visibilité aux membres étudiants du MRM

L’une des choses les plus importantes que nous avons faites au cours de la dernière année a été de créer un comité étudiant. Cela a été fait avec la mission de permettre aux étudiants et aux stagiaires au sein du MRM de réfléchir à ce qui était important pour eux et d’être ensuite en mesure de faire quelque chose pour atteindre ces objectifs. La présidente du comité des stagiaires, Molly Shen, siège également au Comité exécutif du MRM, avec une voix égale. Nous espérons que nos étudiants changeront le monde un jour, nous ne devrions pas être un obstacle.

Pour en savoi plus sur le Comité étudiant du MRM, consultez cet article.

Activités éducatives

En plus de nos activités de recherche, nous avons plusieurs programmes éducatifs orientés vers l’application clinique de la recherche axée sur la découverte en médecine régénérative. Nous avons un certificat d’études supérieures en médecine régénérative qui est maintenant en transition vers une option de maîtrise dans la Division de médecine expérimentale. Notre soutien aux étudiants comprend également l’élaboration d’un programme de maîtrise en génie biomédical se concentrant sur la biofabrication qui débutera à l’automne 2022 avec des stages au CNRC ou dans les installations partenaires de l’industrie. Nous sommes également au cœur d’un nouveau certificat d’études supérieures en sciences biomédicales translationnelles, géré par le Département de pharmacologie et de thérapeutique, qui débutera à l’hiver 2023 (voir ici).

Nos réussites

Vous avez sans doute déjà vu ces articles, mais je voulais simplement vous rappeler certaines de nos réussites. Les membres du MRM sont à l’avant-garde de la médecine régénérative et de son application aux problèmes du monde réel.

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Un avenir troublant pour le financement des trois Conseils ?

Malgré toutes les bonnes nouvelles ci-dessus, je m’inquiète pour l’avenir de notre travail. Je vous demande d’envisager d’écrire à votre député et aux ministres des Finances (Chrystia Freeland – chrystia.freeland@parl.gc.ca), de la Santé (Jean-Yves Duclos – jean-yves.duclos@parl.gc.ca) et de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie (François-Philippe Champagne-francois – philippe.champagne@parl.gc.ca) pour leur demander de doubler le budget de base des programmes ouverts de subventions de fonctionnement des IRSC (en particulier, les « Programme de subventions Projet »). Cela atténuerait le stress d’un nombre important de chercheurs et encouragerait la recherche essentielle sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés au Canada et ailleurs. Les programmes de financement et les IRSC doivent actuellement être remaniés en raison de la négligence et des mauvaises décisions prises au cours de la dernière décennie et demie. Le soutien fédéral à la recherche est d’une importance capitale pour le Canada et les Canadiens et représente la façon dont nous attirons les meilleurs cerveaux pour nous occuper de notre santé et accroître nos connaissances. Parmi les autres questions qui méritent d’être examinées, mentionnons les suivantes :

1) Le déséquilibre entre le financement de l’infrastructure et du recrutement et le financement des dépenses opérationnelles.

L’objectif déclaré des gouvernements fédéral et provinciaux est de créer une société du savoir. À cette fin, le gouvernement fédéral finance des initiatives visant à recruter et à maintenir en poste les meilleurs scientifiques et universitaires dans le cadre de programmes comme les Chaires de recherche du Canada (CRC), les Chaires d’excellence en recherche du Canada (CERC) et la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI). Le Programme des CRC est au cœur d’une stratégie nationale visant à faire du Canada l’un des meilleurs pays au monde en recherche et développement, investissant 300 millions de dollars par année pour attirer et retenir les esprits les plus accomplis et les plus prometteurs du monde. Le Programme des chaires d’excellence en recherche du Canada accorde à des chercheurs de calibre mondial jusqu’à 10 millions de dollars sur sept ans pour leur permettre d’établir des programmes de recherche ambitieux dans les universités canadiennes. L’infrastructure financée par la FCI comprend de l’équipement de pointe, des laboratoires, des bases de données, des spécimens, des collections scientifiques, du matériel informatique et des logiciels, des liaisons de communication et des bâtiments nécessaires pour mener des recherches d’avant-garde.

Une fois que les chercheurs sont recrutés et que leurs laboratoires sont construits, rénovés ou remis à neuf, et que leur équipement est acheté, ils doivent mener leurs projets scientifiques. Cela comprend l’embauche et la formation de personnel (assistants de recherche, techniciens, stagiaires postdoctoraux et étudiants) et l’achat de produits chimiques, de verrerie, d’outils et de services. Ces activités sont financées par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Contrairement aux nouveaux programmes de financement mentionnés ci-dessus, le financement des IRSC, du CRSNG et du CRSH n’a pas augmenté pour suivre le rythme du nombre croissant de chercheurs et de leurs laboratoires de pointe. Sans équilibre entre ces deux types de programmes de financement, la recherche au Canada demeure considérablement sous-financée, comme une voiture de course sans carburant ou une nouvelle maison sans électricité ni eau courante.

La FCI préfère financer de nouveaux équipements et non le remplacement d’équipements de base. Il faut s’attaquer à cette disparité croissante entre le financement de la création de laboratoire et celui de leur exploitation. Sinon, nous courons le risque réel et sérieux de perdre le talent que tant de ressources ont eu l’habitude de recruter, laissant leurs laboratoires vides et leur équipement inutilisé.

2) Le manque de financement indirect des IRSC

Lorsque les entreprises financent la recherche dans les universités au moyen de contrats, elles paient habituellement à la fois les coûts directs (c.-à-d. ceux associés à la réalisation réelle de la recherche elle-même) ainsi que les coûts indirects associés à cette recherche. Les coûts indirects sont souvent appelés installations et administration (F&A, facilities and administration). Ainsi, ils comprennent les coûts d’exploitation et d’entretien des espaces de recherche (p. ex. chauffage, électricité, nettoyage) ainsi que les coûts associés à l’administration des fonds de recherche (p. ex. gestion financière, conformité aux lignes directrices fédérales sur l’utilisation des animaux, risques biologiques, radioactivité, etc.). Les coûts indirects fournissent également des fonds pour les services de base tels que les bibliothèques et les ressources en ligne (p. ex., revues et bases de données). Le financement des coûts indirects par l’industrie représente 40 % de la valeur totale des coûts directs. Ainsi, pour chaque tranche de 100 000 $ de coûts directs, l’industrie paie 40 000 $ de plus pour les F&A. Cela se situe au bas de l’échelle et suppose que toute propriété intellectuelle générée sera partagée entre l’université et l’entreprise commanditaire de la recherche. Si les entreprises prévoient de conserver la propriété intellectuelle, les coûts indirects payés augmentent généralement de manière significative. Aux États-Unis, les NIH (l’équivalent des IRSC au Canada) paient des taux variables selon l’établissement des coûts indirects associés à la recherche; Ces taux sont compris entre 55 et 70 %. Par exemple, à l’Université du Michigan, le taux est de 56%, à l’Université Johns Hopkins, il est de 63,75% et à Harvard, il est de 69%. Aux IRSC, au CRSNG et au CRSH, ce n’est que 20 %.

Les coûts indirects permettent aux universités de soutenir physiquement des activités de recherche qui ne sont pas financées par les ministères de l’Éducation des différentes provinces canadiennes. Ce n’est pas durable, car de plus en plus de chercheurs sont recrutés et l’espace de recherche augmente. Combiné à un déficit similaire de financement provincial pour les milieux éducatifs, le problème deviendra critique dans très peu de temps et entraînera une grave dégradation de notre capacité de former des étudiants et de conserver un personnel académique solide.

*Soupir* Pour terminer sur une note plus optimiste, je n’ai jamais été aussi enthousiasmé par mon propre travail, celui de mes étudiants, stagiaires postdoctoraux et membres du personnel de recherche et celui de mes collègues. C’est vraiment le moment le plus incroyable pour être un chercheur biomédical. En tant que directeur du MRM, je suis impressionné par le travail qui se fait autour de moi. Les possibilités de découvertes MRM et leur traduction n’ont jamais été aussi grandes. Nous avons juste besoin de travailler ensemble !

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